20/02/2003

Le travail collaboratif n’est-il qu’un simple mot à la mode ou s’agit-il d’un véritable facteur de productivité promu par le mouvement open source ?

Cet article paraitra dans le guide Medhitech 2003, annoncé pour le MEDEC, la grande messe de la santé en France. Il a été co-écrit avec Paul Everitt, qui en est l'auteur principal. Paul est le Directeur de ZEA - Zope Europe Association.

Original version, in English

L’open source est un processus de développement rapide au cours duquel tous les développeurs peuvent voir et modifier le logiciel. Si l’open source pilote l’infrastructure critique du développement, il influence également la manière dont nous collaborons et dont nous abordons les technologies de l’information. Un bon exemple est le marché de la gestion de contenu, dans lequel des groupes de collaborateurs très nombreux et provenant d’horizons très variés conçoivent et organisent l’information d’une entreprise.

Vers des équipes plus rapides

De la même manière que les PC ont remplacé les ordinateurs centraux, les systèmes de collaboration basés sur Internet sont en train de remplacer les systèmes d’informations basés sur les approches grande échelle et centrées sur l’entreprise. Les entreprises se rendent bien compte que les grands systèmes, avec leurs coûts élevés et leurs longs calendriers de déploiement, sont en train d’être remplacés par des projets plus rapides et dont le retour sur investissement s’effectue plus tôt.

De même que le grand cède la place au rapide, les approches pyramidales cèdent la place à celles qui sont centrées sur l’utilisateur. Des systèmes de messagerie à grande échelle tels que Microsoft Exchange et Lotus Notes sont gérés de la même manière que les systèmes mainframe de jadis. Or, de la même façon qu’avec ce qui s’est produit lors de la révolution PC, les petits groupes de travail souhaitent une autonomisation de leurs propres systèmes.

Avec l’avènement des plate-formes universelles basées sur les technologies Internet, ces groupes de travail disposent désormais d’une alternative. Les technologies de conception lourde, basées sur une architecture centralisée comme COM ou CORBA, sont abandonnées en faveur d’un modèle plus souple offert par les webs services, le peer-to-peer ou les weblogs.

L’open source apporte la dernière brique qui était nécessaire pour parvenir à des équipes plus rapides. Non seulement dispose-t-on de technologies universelles et basées sur Internet, mais on évite en plus tout le processus d’achat : téléchargez, développez et la collaboration peut commencer.

Les tendances générales vont dans le sens de la collaboration open source

La progression de l’open source s’effectue dans le cadre plus général de grandes tendances au sein du secteur du logiciel. L’open source reprend à son compte ces idées (rapide plutôt que grand, approche centrée sur l’utilisateur plutôt que pyramidale et collaboration ouverte) et ce sur une très grande échelle. Des gens de continents différents, ne s’étant jamais rencontrés et ne faisant certainement pas partie des mêmes entreprises, travaillent ainsi tous ensemble sur des logiciels de qualité professionnelle (les exemples les plus connus sont Linux, Apache, MySQL).

Du point de vue des entreprises, l’open source ajoute une pièce de grande valeur au puzzle de la collaboration. Il permet en effet un accès direct à une communauté mondiale de talents : ceci apporte une plus value décisive.

Les organisations ont toujours besoin d’un référent

Lorsque les ordinateurs mainframe ont cédé la place aux PC, les entreprises n’avaient pas moins besoin de connecter les individus au sein de réseaux. Le même raisonnement s’applique à la collaboration basée sur Internet. Les entreprises ont besoin de parvenir à un équilibre entre autonomie individuelle et exigences en termes de workflow, de sécurité, de méta-données, d’archivage, etc.

Nous sommes là dans le monde de la gestion de contenu. On a ainsi entendu un analyste du secteur affirmer qu’en 2002, 80% de toute l’information contenue au sein d’une organisation consiste en un contenu non structuré. Un autre spécialiste rapporte quant à lui que la gestion de contenu apparaît toujours comme étant la manière privilégiée d’autonomiser les utilisateurs individuels au sein des entreprises pour créer, approuver, diffuser et organiser tous types de contenu critique d’entreprise et gérer son cycle de vie.

Le défi réside dans le maintien d’un équilibre entre la cathédrale de la gestion de contenu et le bazar de la collaboration basée sur Internet. L’open source offre une réponse à un tel défi. (Référence à l’essai culte d’Eric S. Raymond : la Cathédrale et le Bazar).

Les leçons de la collaboration open source

Voici là l’expérience qu’apporte l’open source à la collaboration et à la gestion de contenu. Des systèmes open source tels que Cocoon, Midgard, PostNuke, Zope et Wyona ont bouleversé le marché de la gestion de contenu. On peut même dire que des systèmes tels que Zope, et son extension de gestion de contenu Plone, ont prouvé que la collaboration peut être utilisée dans le cadre de la construction d’infrastructure de gestion de contenu.

Dans le cas de Plone, des centaines de développeurs, répartis sur plus de 20 pays, travaillent ensemble pour créer un système d’entreprise de qualité professionnelle dédié à la gestion de contenu. L’outil est lui-même utilisé dans le développement. Cette expérience fait partie des avantages décisifs que les entreprises peuvent tirer de la collaboration open source et de la gestion de contenu.

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